Épistémologie de “l'Armoire magique”. Queering Fantasy, Comparing Practices and Fictions

International audienceL’étude portera sur les enjeux queer au sein d’un genre particulier, la fantasy, dans une perspective comparée. À partir d’un corpus fictionnel cohérent – des œuvres populaires, ayant donné lieu à des adaptations – on réfléchira surtout aux pratiques transmédiatiques qu’elles génèrent à l’ère du Web 2.0 (suite en particulier aux travaux de Henry Jenkins). Dans une perspective de Cultural Studies, seront envisagées non seulement les hiérarchies genrées internes aux mondes imaginaires et leurs lectures queer, mais surtout les pratiques de « fanfictions » qu’elles produisent, qui contribuent à reconfigurer les approches culturelles et représentations identitaires de la répartition sexuée, en particulier des masculinités. On s’attardera spécifiquement sur un genre particulier de « fanfiction », polémique et subversif, qu'on appelle le « Slash », créations d’amateurs (presque exclusivement des femmes hétérosexuelles) qui impliquent deux personnages masculins dans une relation amoureuse explicitement sexuelle. Défi aux constructions normées du genre, la communauté des fans crée des œuvres (narratives, visuelles, etc.) qui subvertissent la construction patriarcale, compliquant et brouillant les relations binaires, manipulant la représentation des (et par) les hommes, pour activement éditer leurs propres désirs (de lecteurs et d’individu). D’où une logique de détournement et un décloisonnement frappants, des méthodes et pratiques tout comme des représentations, proprement « queer », renouvelant l’étude de la construction sociale du sens et du genre par la fiction. Le public, considérant les textes d’origine comme un jeu ouvert, ne cesse de négocier avec les objets culturels, pour mettre en place une culture participative, de véritables communautés interprétatives, qui mobilisent le même type de clef herméneutique pour lire les univers fictionnels